Témoignage de mon Maître

Article écrit par Maître Alpha.

Par ces quelques mots, je souhaitais vous faire part des questions que je me suis posées et des difficultés que j'ai rencontré lorsque mon épouse m'a demandé de devenir son
Maître. Il va de soi que j'étais totalement novice. Et qu'à mon sens, je le suis encore. Il me faudra bien plus que 4 mois pour devenir un Maître mature... Il serait intéressant pour le petit padawan que je suis de me trouver un mentor... Sourires.

Il se fait que j'ai cherché un peu partout des témoignages de Maîtres mais qu'il m'a été difficile d'en trouver. La plupart des témoignages que j'ai pu trouver ont été ceux de soumises et esclaves. Moins utiles pour moi mais vers lesquels j'ai dirigé mon épouse. J'ai cependant trouvé pas mal de réponses et d'aide à mes réflexions dans les vidéos du Maître ErosPower.
J'aurais par exemple aimé trouver des témoignages de séances de dressage. Des visions de Maître sur ce qu'ils veulent exploiter de leurs esclaves. Des témoignages sur comment préparer une séance, comment la faire vivre à fond et comment en sortir grandi.

C'est pour ça que si mon témoignage peut vous aider à vous sentir moins seul, moins stressé par la mise en place d'une relation D/s avec votre épouse, alors, ce sera pour moi un vrai plaisir.

 

Mon but ici est de relater le chemin que j'ai parcouru pour réussir à passer du mari vanille au Maitre BDSM. Pas de vous donner des réponses toutes faites. Chaque Maître est différent. Chaque esclave également. Et chaque relation est unique.

Ma première réaction lorsque mon épouse m'a offert de devenir mon esclave a été la panique totale... Au secours... Surtout quand je me suis rendu compte qu'elle m'offrait tout simplement sa vie entière. L'éducation judéo-chrétienne que j'ai reçue, avec ses notions de bien et de mal et du respect de la femme par exemple, ne me préparait pas du tout à devenir un Maître BDSM.
Pas plus que ce que la société moderne nous impose sur le comportement "normal" à adopter entre êtres humains. L'égalité homme-femme, la dominance masculine vue comme de la perversion narcissique, à contrario de la dominance féminine, où l'on parle alors de femmes fortes...
J'ai aussi eu peur de toute cette responsabilité qu'elle remettait entre mes mains alors que jusqu'ici, c'était principalement elle qui gérait notre vie.

Dans un second temps, je me suis rendu compte de l'investissement et du temps que cela allait me demander pour devenir un Maître bienveillant. D'autant que nous désirions le vivre en 24/7. Je ne m'étais pas du tout imaginé que cela me demanderait autant de travail sur moi même, beaucoup de réflexions sur mes besoins, mes envies et une profonde auto-analyse et remise en question de ma propre personnalité.

Mais avant d'aller plus loin, je devais impérativement m'assurer d'une chose: suis-je réellement un Maître et est-ce bien là ma véritable nature ? L'analyse de mes comportements passés, de mes relations passées, les discussions avec celle qui était déjà devenue mon esclave dans ses comportements m'ont ouvert les yeux: oui, j'étais par nature, un Maître. Dès lors, il ne me restait plus qu'à agir en tant que tel...

J'ai commencé par demander à mon épouse-esclave de rédiger un contrat. Cela me paraissait très important pour prendre un bon départ. Savoir jusqu'où elle était prête à aller. Cette rédaction m'a aussi aidé à prendre mes marques car nous avons cherché d'autres informations et lectures. Le site canadien BDSM positif a été une source d'inspiration. J'ai aussi lu Dresser un ou une esclave consentante d'ErosPower. Je pense qu'il est important de se documenter et d'avoir différents points de vue. Nous n'avons pas la science infuse! Sourires.

Une chose s'est révélée être très importante dans notre cheminement, la communication... Ça n'a l'air de rien mais pouvoir discuter de tout avec son conjoint, qu'il soit vanille ou BDSM, est tellement important! Et encore plus dans une relation D/s.
Se dire ses phantasmes, ses envies, ses besoins, sans tabou, sans peur du jugement.
Écouter les remarques de l'autre sans les prendre contre soi mais au contraire pour faire évoluer la relation.
Trouver des solutions ensemble pour le bien de la relation et pas pour soi uniquement.
Tout ça fait partie de mon apprentissage de Maître.

J'ai ensuite continué mon voyage par ce que je croyais être le plus simple : quels sont mes besoins, mes envies, quel dressage ai-je envie de développer, que voudrais-je vivre avec mon esclave et comment y arriver pour être en accord avec ma nature de Maître. Et bien croyez moi, c'est bien plus compliqué qu'il n'y parait!
Il m'a été très difficile de savoir ce que je voulais réellement. J'ai dû me centrer sur moi-même, alors qu'en général, je me centrais sur ce que voulait mon épouse... Exercice assez difficile...

Une chose dont je me suis rapidement rendu compte: il est difficile de savoir si l'on aime ou pas quelque chose tant qu'on ne l'a pas encore testé...

Je pensais par exemple ne pas être spécialement sadique physiquement (parce que psychologiquement, ça, je le suis. Sourires... sadiques bien sûr) et ne pas retirer de plaisir à l'être. Il s'avère que si... Mais il m'a fallu vivre ma première séance de réelles fessées pour voir le plaisir que j'en ai retiré. J'ai aimé voir les fesses de mon esclave rougir petit à petit. Tout comme la fouetter avec un martinet m'a procuré énormément de plaisir. Et ce ne fut pas simple à accepter non plus, toujours ce rapport à mon éducation judéo-chrétienne...

Autre exemple, j'ai voulu instaurer plusieurs protocoles afin que mon esclave sache comment se comporter dans telle ou telle situation. Et figurez-vous que non, profiter d'une fellation au réveil n'est pas une bonne idée pour moi tant que je ne suis pas passé par les WC! Sourires. Comme quoi, l'imagination et la réalité ne font pas toujours bon ménage!

J'ai eu la chance pendant cette période de bénéficier de la présence de mon esclave. Elle a rapidement trouvé sa place à mes pieds, sous mes ordres. Bien plus rapidement que moi à accepter qu'elle y soit et que je lui ordonne quoique ce soit... J'avais plutôt tendance à suggérer les choses à l'époque, pas à les exiger... Mais la savoir là, patiente (bon parfois impatiente aussi ce qui nous a valu notre première grosse engueulade en mode M/e), sérieuse, obéissante et encore plus amoureuse de son Maître que de son mari au final, m'a beaucoup aidé. 

Lors de cette fameuse dispute, j'ai découvert ma première erreur : ne pas l'utiliser ni la traiter en esclave parce que je pensais, à cause d'une période professionnelle plus chargée et d'une fatigue intense, qu'elle n'était pas en état d'être esclave...
Je suis donc redevenu le mari.
Mais elle n'est plus jamais redevenue mon épouse...
L'esclave, sans ordre, s'est donc sentie délaissée, mais n'a pas su l'exprimer.
Le Maître a cru perdre son esclave alors qu'il était lui-même redevenu mari...
Vous voyez l’intérêt de la communication là? Sourires.

Autre point important, la réalité des choses. Ce n'est pas parce qu'elle est fatiguée que je ne peux l'utiliser. À moi de doser correctement mes ordres, de choisir ceux qui sont appropriés en fonction de son état physique.
Je l'ai également appris à mon sujet suite à un problème de dos qui m'a coincé allongé dans mon lit... J'ai cru perdre le contrôle, je ne voulais plus utiliser mon esclave, me sentant gravement diminué. Et c'est grâce aux conseils personnalisés d'ErosPower que j'ai pu me reprendre. On vous a déjà parlé de lui et de son esclave lina je pense, alors n'hésitez pas, j'ai beaucoup apprécié qu'ils prennent le temps de répondre à mon esclave qui était perdue avec un Maître inexistant...

Je reviens sur un autre point important cité ci-dessus. L'amour. Et oui, l'amour que nous nous portions quand nous étions mari et femme s'est encore plus développé en tant que Maître et esclave. Pour ma part, nous n'aurions pu instaurer cette relation sans amour.
J'ai crains un moment que cela soit un frein pour moi. Toujours cette éducation tenace.
Mais non. Au contraire, l'aimer comme je l'aime, avec tout mon respect, ma bienveillance, ma tendresse, mon romantisme aussi, me permet de la dresser avec patience et douceur.
Et nos
15 ans de vie vanille sont finalement un atout majeur. Car je sais qu'aujourd'hui, dans cette relation D/s, si je commets une erreur du fait de mon noviciat ou si j'ai mal évalué les capacités de mon esclave, elle ne m'en voudra pas. Nous avons évolués ensemble et cette nouvelle relation pleine d'amour ne laisse plus la place à la rancune et aux rancœurs.  

Une autre chance que j'ai eue est celle de pouvoir partager notre nouvelle relation avec des amis qui ne pratiquent pas le BDSM. Certes, il faut une pleine confiance en ces personnes. D'abord pour ne pas nous juger. Mais aussi pour rester discrets... On l'a dit plus haut, même si certains (bons et mauvais...) films tentent de montrer qu'une relation BDSM n'est pas "mauvaise" ou "nocive", nous n'avons pas envie que cela se sache. Je n'ai pas envie d'être traité de pervers narcissique même si j'ai fait le test d'une psychologue Française  qui me dit que je ne le suis pas. Ouf! Rires.
Plus sérieusement, les questions pertinentes de mes amis m'ont aidé à réfléchir sur moi-même. Sur comment j'allais faire évoluer notre relation. Et quand en plus, ces mêmes amis me disent nous sentir plus épanouis et plus heureux qu'avant, cela me conforte dans notre choix de vie.
 

Quatre mois plus tard, alors que j'ai entièrement accepté ma nature de Maître, et que j'ai aussi accepté que la nature de mon épouse soit celle d'une esclave, je me rends compte de la chance que j'ai. Mon épouse m'a offert un cadeau inestimable. Que je dois utiliser avec respect, humilité et bienveillance. Clairement, une fois que l'on a bien compris les rouages d'une relation BDSM en 24/7, vivre tout ça en vaut vraiment la peine. 

Notre relation est aujourd'hui plus posée, plus saine. Nous ne nous opposons plus comme autrefois sur des petites choses. Ni sur des grandes d'ailleurs. Notre relation est devenue sereine. Vivre tout ça nous a rapprochés et stabilisés. D'ailleurs, je pense que le contrat que nous avons signé avec tant d'émotion ne nous sera plus si utile. Mon esclave me devant maintenant une obéissance totale, c'est à moi de donner des ordres cohérents, de connaître ses limites au risque d'aller trop loin et de perdre non seulement mon esclave mais aussi mon épouse... Car le retour en arrière parait difficile... 

Et si mon esclave a, pour le moment, toujours l'autorisation de s'exprimer et de communiquer comme bon lui semble mais toujours avec le respect qu'elle me doit, j'espère que d'ici quelques mois, elle n'aura plus besoin de le faire car ses comportements m'aiguilleront.
Elle sait qu'à l'heure actuelle, j'ai besoin qu'elle s'exprime. Elle n'ose pas toujours le faire car elle estime qu'en tant qu'esclave, elle n'a pas son mot à dire. Sauf que je ne suis pas, encore, dans sa tête. Sourire. Si je prends l'exemple de la douleur ressentie lors d'une séance SM, elle a tendance à rester stoïque pour mon plaisir. Hors, je n'arrive pas encore à décoder sa gestuelle. Je dois parfois lui rappeler que je suis aussi novice qu'elle... Et que mon but n'est pas non plus de la battre... Une esclave aussi investie est tout de même une arme à double tranchant...

Dans ma vision pour la suite de notre relation, je désire faire en sorte que mon esclave se surpasse. Je sais qu'elle a des capacités à vivre des situations qu'elle n'imagine même pas. Elle en a déjà vécue une qu'elle vous racontera peut-être et, en tant que Maître, j'ai été heureux de la voir épanouie et rayonnante après avoir fait tomber certaines barrières qu'elle croyait infranchissables. Un vrai bonheur pour moi qui ai choisit de la dresser, certes, pour mon plaisir avant tout, mais aussi pour qu'elle-même se connaisse mieux. Et qu'enfin, elle puisse vivre en parfaite harmonie dans ce monde sans plus avoir besoin de se poser d'autre question que: qu'est-ce qui ferait plaisir à mon Maître...
J'espère aussi ne jamais avoir à la punir car pour moi, cela sera en partie un échec de ma part, une preuve que mon dressage n'est pas assez précis, clair.

Aujourd'hui, je me rends compte que mon esclave est mon bien le plus précieux. Sa présence me rend serein et les moments où nous sommes séparés me semblent bien difficiles à vivre. C'est un travail que je dois encore effectuer sur moi-même. Être indépendant d'elle.

Je terminerais par ces mots de Maître ErosPower qui me parlent et me guident: Être Maître c'est avoir le pouvoir. Et le pouvoir amène à la responsabilité.
J'ai donc certes le pouvoir sur mon esclave mais sans elle, pas de relation. D'autant que c'est grâce à elle que nous pouvons la vivre. J'userais donc de mon pouvoir avec respect, tendresse, amour et bienveillance. Pour elle, pour moi, pour nous.

Je t'aime ma belle esclave.

Commentaires

  1. Bonjour Monsieur,

    Lire le ressenti d'un Maître est toujours intéressant. Merci pour ce partage. En effet, les Maîtres sont bien plus discrets que les soumises pour exprimer leur ressenti au travers de blogs... J'ai d'ailleurs souri en début de cet article car un autre Maître s'était également fait cette remarque il y a quelques temps et 'ayant pas trouvé ce qu'il cherchait il avait débuté un blog (qui a été fermé par la suite pour ne laisser que celui de sa soumise).

    Je partage totalement votre avis "il est difficile de savoir si l'on aime ou pas quelque chose tant qu'on ne l'a pas encore testé... " (voilà tant de bonnes excuses pour tester et voir ce qui vous plait ou non). Aussi répondre à ces questions ("quel dressage ai-je envie de développer, que voudrais-je vivre avec mon esclave") peut être réellement compliqué car la relation est en constante évolution. Vous pouvez, certes, en définir les grands axes et limites mais tôt ou tard vous reviendrez certainement sur certains de ces choix car de nouvelles envies seront nées, des pratiques qui semblaient impossibles ne le seront plus, des choses qui vous rebutent aujourd'hui attiseront peut-être vos envies...

    Bien entendu cette évolution se vit à deux et ne rend que plus belle le lien.

    Je vous souhaite une belle route aux côtés de Votre esclave,

    Respectueusement,
    Anaëlle

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    Réponses
    1. Bonjour Anaëlle,

      Merci beaucoup pour votre commentaire et votre partage d'opinions. Oui, les Maîtres sont très discrets, je le comprends.
      Cependant, je vais essayer de partager de temps en temps mon point de vue en utilisant les talents d'écriture de mon esclave.

      Mon esclave est ravie d'avoir trouvé votre blog et sa lecture nous aident aussi à avancer.

      Je vous souhaite le meilleur à votre Maître et à vous,

      Maître Alpha

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  2. Bonjour,
    Je ne peux que confirmer : il est rare et intéressant de lire les ressentis d'un Maître et d'autant plus novice. La sincérité de l'écriture est très appréciable. Je vois que nous avons une référence en commun : j'ai connu les échanges de Maître Power à travers le blog de sa première esclave avant esclave lina. Ce blog et celui d'esclave lina m'ont beaucoup aidé, tant que dans ma relation de l'époque que pendant ma remise en liberté, voir meme aussi après.
    Je peux me tromper mais je trouve que votre changement de mode de vie renforce votre amour.
    Merci pour ce partage

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